mercredi 10 février 2010

Controverse à la coop santé de Cantley: Les frais annuels créent l'inquiétude

Le Droit
Actualités, mardi, 22 décembre 2009, p. 4

Duquette, Patrick

La nouvelle coopérative de santé de Cantley ouvre à peine ses portes qu'elle plonge déjà au coeur d'une controverse en raison des frais annuels imposés à ses patients.

Installée dans un presbytère, au 47, chemin Sainte-Élizabeth, la coopérative santé ouvre une fois par semaine, le mercredi, et compte déjà 1200 membres.

Pour être membre, il faut payer une part sociale de 50$, en plus de frais annuels de 50$ pour couvrir les frais de chauffage, d'électricité, de téléphone et autres.

Or, l'imposition de ce type de frais annuels agace le ministre de la Santé, Yves Bolduc, qui y voit une menace au principe de l'universalité des soins.

Déjà en 2008, le ministre avait émis certaines préoccupations lors de l'ouverture d'une nouvelle coopérative de santé familiale sur le boulevard Gréber, à Gatineau, où des frais de 100$ donnaient un accès prioritaire à un médecin.

Depuis, le gouvernement Charest a songé à interdire l'imposition de frais annuels dans les coopératives de santé. "Ce ne doit pas être une contribution qui permet d'accéder ou non à un médecin", résume Marie-Ève Bédard, du cabinet du ministre Bolduc.

Le cadre législatif actuel ne permet toutefois pas au ministère de vérifier ce qu'il en est vraiment sur le terrain, reconnaît-elle. "Qu'arrive-t-il aux gens qui ne paient pas? Est-ce que les gens qui ne sont pas membres peuvent avoir accès au médecin au même titre que ceux qui sont membres?"

Le président de la coopérative de santé de Cantley, Claude Hébert, est catégorique à ce sujet. "À la clinique, les gens entrent, qu'ils soient membres ou pas membres. Mais, pour les membres, on est en train de faire toutes sortes d'arrangements particuliers."

M.Hébert assure qu'il sera possible à n'importe qui de consulter un médecin pour tous les soins de santé remboursés par l'assurance-maladie du Québec: examens médicaux, prescriptions de médicaments ou références à des spécialistes.

Les privilèges des membres toucheront davantage l'accès à des conférences sur le diabète ou la bonne alimentation, par exemple. "On suit à la lettre la loi qui dit que c'est pour tout le grand public", affirme Claude Hébert.

Il a fallu deux ans au conseil d'administration de la nouvelle coopérative de santé de Cantley pour recruter 1200 membres et convaincre un médecin à la retraite, le DrBernard Gélinas, de venir y faire des consultations une fois par semaine, tous les mercredis.

Le DrGélinas verra tous les patients qui se présenteront, membres ou non membres, affirme Claude Hébert, selon le principe du premier arrivé, premier servi.

Pour l'heure, la coopérative s'est installée au rez-de-chaussée d'un ancien presbytère. La coopérative espère recruter d'autres médecins et déménager, l'été prochain, dans un nouvel édifice commercial situé près de l'hôtel de ville, sur la route 307. À mesure que la coopérative prendra son essor, certaines plages horaires pourront être réservées exclusivement aux membres.

"À la coop santé d'Aylmer, dans l'après-midi, des plages sont accessibles seulement aux membres qui ont des urgences. Mais, le matin, c'est premier arrivé, premier servi. On regarde ce modèle-là", dit M.Hébert.

Au ministère de la Santé, on assure ne pas être contre l'apparition de plus en plus fréquente des coopératives de santé. "C'est franchement un modèle face auquel on n'est pas contre. Là où il y a un problème, c'est quand on diminue l'accessibilité aux soins par rapport à une charge qui est exigée", dit MmeBédard.

Pduquette@ledroit.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire